Le
S.I.A.E.S. est un syndicat
d'enseignants académique indépendant et de proximité,
a votre service,
l'adhésion
la moins onéreuse de tous les syndicats d'enseignants de l'éducation nationale,
coordonnées
du syndicat, qui
sommes nous
septembre 2004
Le courrier du S.I.A.E.S.
n° 22 -
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IEditorial La page de l’EPS TZR Jurisprudence ISSR Lou cantoun de la lengo nostro. |
TRIBUNE LIBRE
Franc-parler Feuille d'automne… |
EDITORIAL
Rentrée 2004 . Rien
de spectaculaire . Les médias nous ont parlé de l’application de la loi sur la
laicité .Ici ou là de problèmes ponctuels : classes fermées, élèves en rade,
effectifs surchargés faute de locaux ouverts à temps (retards de construction )
ou de sections en nombre suffisant ( flux démographiques mal appréhendés,
redoublements plus importants que prévus en Terminale par suite d’un
baccalauréat « normal » ). Mais, globalement, la rentrée se serait bien passée –
ou pas trop mal.
De fait rien qui ne puisse mobiliser l’opinion, même si plus de 900
contractuels se sont retrouvés sans emploi à la rentrée, et si près de la
moitié des TZR affectés « à l’année » étaient « à cheval »sur 2, voire 3
établissements. Le navire EN continue de flotter sur son erre. Point de réforme
en profondeur…pour l’instant, en attendant le printemps et l’application , ou la
mise au placard, des propositions du rapport Thélot, suite au « grand débat ».
(note 1). On procède par petites touches, moins douloureuses et moins
mobilisatrices. Et peu à peu les changements s’opèrent, parfois dans un sens
acceptable ( nouvelles Troisièmes à l’horizon 2005 , renforcement de la présence
des professeurs dans les conseils de discipline, par exemple ), plus souvent
dans un sens qui ne laisse pas d’inquiéter ( ainsi de la continuation des
réformes passées ), en particulier pour les conditions de travail des personnels
dont la dégradation se poursuit et se perçoit un peu plus chaque année, sans
contreparties.
Mais rien n’est absolu, l’égalité n’existant guère dans l’énorme machine qu’est
l’EN. Nous savons tous l’existence d’établissements sans problèmes ( la norme
d’autrefois ) et d’autres qui les accumulent (tendant à devenir la norme
d’aujourd’hui), de classes agréables et d’autres impossibles, d’élèves
travailleurs et d’autres aux marges de la délinquance…
Quant aux professeurs eux-mêmes, qui peut croire qu’ils font tous le même
métier, selon les établissements où ils exercent, les classes qu’ils ont en
charge, la discipline qu’ils enseignent ?
Egalité, maître mot, bien difficile à mettre en œuvre tant la diversité des
situations est grande, et inégalitaire, et devrait appeler et justifier des
traitements particuliers… que l’EN a du mal à prendre en compte. 30 élèves ici,
tout baigne ; 30 là, c’est l’enfer. Ici un professeur « heureux », assurant ses
18 heures dans une discipline « reine », avec un bon emploi du temps dans un
établissement calme et de bon niveau, et là, son collègue, son « égal »,
galérant 18 heures dans une discipline « secondaire », avec des élèves
ingérables, sur deux établissements ZEP , distants de 30 kilomètres, sans
indemnités, et un emploi du temps dément parce qu’un couplage tardif n’a pas
permis d’harmoniser les horaires…
Egalité. Vous avez dit : « égalité » ? Et solidarité ? Le premier se
mobilisera-t-il pour le second ? Chacun pour soi.
Ce constat n’est pas nouveau. Certes. Mais l’inquiétant est de constater qu’au
fil des ans, insidieusement, la situation du second devient de plus en plus
courante, se banalise, tendant à une « égalisation » par le bas des plus
préoccupantes. Et de constater que nul , désormais, n’est vraiment à l’abri.
Sans noircir le tableau à l’envi, qui peut nier qu’incivilités et violence n’ont
cessé de progresser dans les établissements, gagnant y compris ceux qui en
étaient exempts. Et que cela rend l’exercice du métier plus difficile ? Et
l’enseignement moins serein, plus pénible ? De même qui peut contester que les
services à complément ( joliment dits « partagés ») se sont multipliés ces
dernières années, compliquant le travail et alourdissant les horaires par les
trajets induits, sans parler des coûts inhérents à ces déplacements ? ( note2 )
. Et que dire des collègues de disciplines sinistrées, où les surnombres
génèrent des situations mal vécues par les intéressé(e)s, sans perspective d’un
poste dans un proche avenir ? Et, à l’extrême, de ces certifiés ou agrégés que
l’on pousse vers un enseignement en LP , quand rien ne peut leur être proposé en
collège ou en lycée ? Amertume, rancœur, découragement, sentiment d’avancer « en
reculant », gâchis… Quels mots choisir pour ces situations qui,
d’exceptionnelles autrefois, sont devenues banales aujourd’hui ?
Notre rôle syndical est de signaler ces faits et de dénoncer cette tendance -
lourde, hélas ! – à la dégradation des conditions de travail d’un nombre
croissant de personnels, sous l’effet de multiples raisons, pour les unes
sociales, ou sociétales ( les comportements des élèves… et des parents ) , pour
les autres économiques et politiques ( la priorité de la gestion sur la
pédagogie ), et de négocier ou de combattre pour faire en sorte qu’il en soit
autrement.
Il y va de l’intérêt de tous : des personnels évidemment, que nous avons à
défendre, mais aussi par voie de conséquence de celui des élèves que nous avons
à instruire et à éduquer, comme de celui de l’enseignement que nous avons à
dispenser.
Aussi luttons-nous, en général comme au cas par cas, pour que le souci
pédagogique l’emporte sur celui de la gestion pure et dure, ou mieux pour
concilier les deux dans une attitude « citoyenne ».
C’est ce que parvient à faire parfois, après négociations, le Rectorat,
finalement conscient qu’un enseignant « satisfait » sera plus efficace ( osons
dire « plus rentable » ) qu’un enseignant mécontent, déçu, amer, aigri…dont on
laisse à chacun le soin de penser comment il peut réagir face à un traitement
qu’il juge « insupportable ».
Œuvrer en ce sens est bien sûr profitable à l’intéressé(e), mais aussi, et
doublement, à l’administration :
-
d’abord par la confiance rendue à
celles et ceux qui sont d’ores et déjà engagés dans ce métier passionnant ,
- ensuite, par l’encouragement fait aux jeunes pour s’y engager sans crainte ou
réticence, sinon à reculons … faute de mieux.
J.MILLE
Note 1) Le rapport définitif sera remis au Premier Ministre le 12
octobre. Nous en jugerons alors, même si ce que nous en savons déjà n’incite
guère à l’optimisme !
Note 2) Un chef d’établissement n’a-t-il pas dit à une collègue qui ne
disposait que d’une heure de battement entre 12 et 13 heures, pour se rendre
d’un établissement à un autre (distance : 30 kilomètres ) qu’il lui suffisait de
prendre l’autoroute pour qu’elle soit à l’heure ! Sans se soucier du péage et de
l’absence de repas. Sans commentaire.
Une revendication raisonnable
.
Tous les enseignants savent aujourd’hui que la réduction du temps de travail,
liée à la loi sur les 35 heures, ne les a pas concernés. 18 heures pour les
certifiés, 15 heures pour les agrégés restent les horaires en vigueur dans
toutes les disciplines, après l’alignement obtenu en pour la Musique et
les Arts plastiques, et bien sûr pour les PEGC et les PLP.
Sauf en EPS où les horaires sont toujours de 20 heures ( Professeurs, Chargés
d’enseignement ) ou 17 heures (agrégés).
La revendication d’un alignement existe, mais, semble-t-il, mollement défendue.
Il va de soi que l’intégration dans les corps des certifiés et des agrégés
pourrait régler le problème, mais le syndicat dominant y est réfractaire, ce que
l’on comprend ( il y perdrait son âme et sa raison d’exister ), mais fait en
même temps le jeu du pouvoir qui maintient le statu quo.
Est-il alors raisonnable de poser cette revendication comme justifiée et
légitime ? Nous pensons que oui.
Légitime, par l’égalité de traitement de professeurs ayant passé des concours de
même niveau.
Justifiée, par le fait que l’on ne saurait plus avancer aujourd’hui ce qui avait
pu fonder jadis les différences horaires, à savoir une « charge » de travail
moindre pour les professeurs d’EPS que pour les professeurs des autres
disciplines :
- absence copies à corriger, ou de préparation de cours : nous avons tous à préparer nos séquences et les fiches d’évaluation que l’on nous demande valent bien des corrections de copies !
- activité moins prégnante, voire plus « agréable », les élèves étant censés être là avec plaisir, donc plus faciles à gérer : nous savons tous que nos séances sont de plus en plus pénibles, avec des élèves de plus en plus difficiles, réticents à l’effort physique, que les conflits et la violence , avec les élèves et les parents, ne nous épargnent pas, que les « risques » de notre profession sont réels quand les exercices impliquent des contacts …
Aussi pensons-nous
raisonnablement que ne pas reconnaître aujourd’hui la difficulté et la
pénibilité du métier de professeur d’EPS serait de mauvaise foi. Sans parler
des problèmes inhérents à l’âge quand la vie professionnelle va devoir
s’allonger - réforme des retraites oblige- jusqu’à 65 ans !
Toutes raisons qui nous semblent justifier pleinement de ne plus être les
« oubliés » de la réduction du temps de travail, et de poser, en toute sérénité,
la revendication d’un alignement de nos horaires sur ceux des certifiés et des
agrégés.
Nous ferons remonter cette revendication au Ministère après avoir élaboré lors
de notre prochain congrès un texte en ce sens.
D’ores et déjà si vous voulez soutenir cette démarche vous pouvez nous renvoyer
le coupon ci-joint.
Mlle,Mme,M. …………….. PEPS CE EPS Agrégé EPS Etablissement ……………………………………….. à ……………………………….. TZR, rattaché à ……………………………………….. en poste à …………………………………….. Adresse ( facultatif ) …………………………………….. Approuve la démarche du S.I.A.E.S. pour aligner les horaires des professeurs d’EPS sur ceux des certifiés et des agrégés . Signature
|
Bilan du mouvement d’ajustement en EPS .
137
TZR
8
MA
8
candidatures de Contractuels
A
la veille de la rentrée 31 TZR avaient été affectés en service « à l’année » (
22,5 % ), dont 21 sur des services incomplets ( moins de 20 heures ) et 20
« à cheval » sur 2 établissements ou 3 , soit 64,5 % .
Comme l’an dernier, beaucoup de TZR sont restés sans affectation et assureront
des remplacements de courte ou moyenne durée, ouvrant droit aux ISSR . La
conséquence de cette situation a été l’impossibilité de procurer un service aux
MA , et a fortiori aux contractuels « résiduels », la situation de l’an dernier
n’ayant guère incité à repostuler !
A noter que 15 jours après la rentrée , des services à l’année sont apparus
et que la majorité des TZR avait été appelé à des remplacements ! Après la
pléthore, à quand la pénurie ?
Mouvement de
rentrée
: TZR, MA et Contractuels.
Bilan.
Comme il est
désormais de règle le Rectorat a procédé à partir de la mi-août aux mesures
"d'ajustement" de rentrée : affectation des stagiaires sur des supports prévus
avant les vacances, puis affectation des TZR et des quelques MA résiduels, et,
in fine, des Contractuels, cela sur des services "à l'année" , complets ou
partiels, connus à la veille de la rentrée.
Compte tenu de la mise au mouvement Intra-académique d'un maximum de postes en
établissements ( ce que l'on ne peut qu'approuver, à la réserve près d'un nombre
croissant de postes "à complément", à cheval sur deux établissements ) il
restait très peu de supports complets pour les affectations à l'année. D'où la
difficulté à caser certains stagiaires en situation, et la proportion modeste (
40 % ) de "services à l'année " proposés aux TZR, alors qu'un des objectifs du
Rectorat était d'en affecter un maximum . Et encore faut-il souligner que près
de la moitié de ces services étaient "incomplets" ( moins de 18 ou 15 heures) et
de surcroît , pour presque autant, " à cheval" sur deux, voire, trois
établissements !
De ce fait il ne restait quasiment rien pour les MA , et trois fois rien pour
les Contractuels, dont moins de 10 % ( sur plus d'un millier ) avaient pu, au 26
août, recevoir une affectation à l'année, et presque toujours sur des bribes de
service, souvent sur deux établissements, ce qui n'était pas sans poser des
problèmes quant à l'acceptation ou non du service proposé.
On pouvait donc noter, globalement, à la veille de la rentrée ce qui suit :
> 60 % des TZR ( sur environ 1300 ), non affectés, restaient disponibles
pour des remplacements occasionnels.
> même proportion pour les MA ( il est vrai peu nombreux, un peu plus d'une
centaine)
> plus de 90 % ( sur plus d'un millier ) des Contractuels sans service
immédiat.
Certes l'objectif avoué du Rectorat de réduire l'appel à des Contractuels était
atteint, mais au prix d'une rude onde de choc pour les intéressés, dont certains
avaient été régulièrement repris depuis des années.
Si l'on peut évidemment se réjouir que le maximum de postes et de services
soient pourvus par des titulaires, on doit cependant déplorer les conséquences
brutales d'une politique fluctuante en matière de recrutement, quand tout
devrait être fait pour atténuer les à-coups en ce domaine, et permettre des
solutions transitoires vivables pour les intéressés.
Dans ce contexte on notera aussi l'extrême inégalité des uns et des autres ,
selon les disciplines… et la géographie académique.
Qu'on en juge , au tableau suivant :
Entre 70 et 100 % de
TZR affectés "à l'année" :
Provençal, Sciences
physiques, Documentation, Histoire-Géographie, Lettres classiques |
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Cela en soulignant que les
services " à cheval" affectent, en priorité, le Provençal ( 100 % dont les 2/3
sur 3 ou 4 établissements ) , l'Italien ( 100 % ) , la Musique ( 77 % ) , l' EPS
( 64 % ) les Arts plastiques, l'Allemand, l'Anglais ( entre 50 et 60 % ) , mais
aussi les SVT, les Sciences physiques, l'Espagnol …
Et que les services incomplets sont majoritaires en Arts plastiques et Musique,
ainsi qu'en EPS, SVT, Anglais, Espagnol, Mathématiques …
Inutile de dire que pour les Contractuels le tableau est pire : aucun
service dans certaines disciplines ( EPS , Education, Espagnol, Allemand ) , un
ou deux "miraculés "en Lettres modernes, Anglais et Musique…, les plus
"chanceux" se trouvant en Documentation et surtout en SES ( 50 % repris ! ).
Et pour couronner le tout, la géographie académique révèle de grandes inégalités
quant aux probabilités d'affectation, tant pour les TZR que les Contractuels ,
avec un " maximum de chances" pour le nord Vaucluse et l'enclave de Valréas,
ainsi que pour les Alpes ou le secteur arlésien , alors que "viser" La Ciotat
ou Aix en Provence relève de l'exploit… ou de l'inconscience !
Au final , si cette rentrée apparaissait au 1er septembre , pour le
Rectorat, "techniquement" satisfaisante, elle était loin de l'être "
humainement" pour un grand nombre des intéressés !!!
Et il nous a fallu batailler, jour après jour, sur de nombreux cas pour modifier
des situations intenables, en général avec succès, le Rectorat se rendant à nos
remarques, mais quelquefois , hélas! aussi sans l'issue escomptée quand
apparaissait un "blocage administratif" ( par exemple l'absence de tout service
disponible ) ou une intransigeance gestionnaire "venue d'en haut", ne permettant
pas la résolution rapide des cas en suspens. Mais la persévérance nous anime et
nous conduit à ne pas abandonner le combat et l'espoir pour ces cas là .
J.MILLE
et Michel SANDRI, Alain FRETAY , Jean RACON commissaires paritaires S.I.A.E.S.
TRIBUNE LIBRE
Franc-parler
Professeurs agressés, surveillants maltraités,
personnel insulté, bus ou élèves caillassés, proviseurs poignardés, coups de
poings, jets de bouteille d’acide, incendies de locaux, de voitures…La liste
pourrait allongée.
Lorsque j’étais enfant, bailler sans mettre sa main devant la bouche était une
grossièreté. Maintenant, même les comportements qui relèvent de la guérilla
urbaine ne sont que de simples « incivilités ».N’en déplaise à certains, la
langue française est bien vivante. Elle évolue tous les jours.
De la même manière, jusqu’à une date récente , il était admis qu’un professeur
devait être en mesure d’assurer décemment ses cours face à 27 enfants de douze
ans. Maintenant ce n’est plus le cas. A plus de 18 ou 20 élèves, il n’est plus
possible , paraît-il, de « travailler correctement ».
Le but poursuivi, sinon avoué, est le même dans les deux cas : stigmatiser le
« manque cruel » de surveillants, d’enseignants, d’infirmières, de
psychologues … bref de « moyens ».
Ces euphémismes, cette langue de bois et surtout cette démesure feraient sourire
, si ça n’était désolant.
Réfléchissons un peu . Nous en sommes arrivés à dire quoi ? Deux choses
possibles. Ou bien que le personnel de l’Education nationale n’est plus
compétent . Ou bien que notre système est en faillite.
J’ai du mal à croire que les professeurs et les surveillants qui, jusqu’à hier,
savaient faire leur travail, ne savent plus aujourd’hui… à moins d’être plus
nombreux. Par contre j’ai beaucoup de facilité à constater que notre clientèle
actuelle n’est plus conforme au modèle standard de l’école.
Une autre réalité s’impose petit à petit.
Un certain nombre d’adolescents ne sont pas à leur place dans les établissements
actuels. Ils sont inadaptés aux programmes, aux buts poursuivis, aux règles
établies, au projet même de notre société. En fait ils relèvent de structures
spécialisées qu’il y aurait urgence à mettre en place. Nous connaissons tous ces
individus derrière lesquels il faudrait placer un surveillant individuel qui les
suivrait pas à pas tout au long de la journée. Nous avons tous rencontré ces
élèves quasi illettrés qui, après six mois de collège, ne savent même pas qui
est ( ? ) et que fait ( ? ) l’adulte placé face à eux. Nous savons tous qu’il
existe des établissements où il faudra bientôt installer des grilles surélevées,
sinon des barbelés et des vigiles en gilet pare-balles…Et combien
d’établissements, utopiquement conçus pour être « ouverts sur la vie et sur la
société » ont-ils dû s’enclore, pour se protéger contre la vie et la société,
par trop brutales ?
A vouloir à tout prix couler dans le même moule ceux qui, partant de points
différents et apprenant à des vitesses différentes, doivent arriver au même
endroit en même temps que tous les autres…il ne fallait pas s’attendre à autre
chose. La loi de la rue, la seule qu’ils connaissent et où ils réussissent,
devient la règle.
Multiplier par deux ou par vingt le nombre de surveillants ou de professeurs ne
servirait pas à grand chose. En médecine , on appelle cela un traitement
symptomatique, un peu comme un cachet d’aspirine pour soigner un abcès dentaire.
Ca peut faire provisoirement oublier la douleur, mais ne guérit pas les causes
réelles du mal.
Pourquoi cela n’est il jamais dit ? Qu si peu ? A moins qu’on ne veuille
l’entendre . Ceux qui ont peu de « bouteille » le savent très bien : par peur du
ridicule !
En effet il faut savoir que ces structures spécialisées qui font tant défaut
aujourd’hui ont existé un jour, mais qu’on les a détruites. Lors de mes débuts
on était en train de supprimer joyeusement les classes de « fin d’études
primaires ». Il existait encore des classes de « transition ». Plus pour
longtemps. Nous avons, pour beaucoup, connu les CPPN,CPA, et
autres classes
technologiques ou à projet… Tout cela a été balayé d’un revers de manche
méprisant, sous les applaudissements et à la demande de certains syndicats de
parents ou de professeurs, que la charité impose de ne pas citer. Au nom de la
justice sociale ou de la lutte légitime pour la liberté et contre les ghettos,
il fallait éradiquer ces monstruosités.
Avouez que réclamer à cor et à cri leur restauration serait pour le moins
suspect. Alors on joue une autre carte, plus médiatique, celle des « moyens ».
Qui oserait dire maintenant à certaines familles que ce ne sont plus elles qui
décident du passage de leur enfant en classe supérieure ? Mais les professeurs .
Alors on joue une autre carte plus clientéliste, celle du « complot » contre
l’école publique.
Quelques naïfs y croient …Cette fraîcheur d’esprit fait plaisir à voir.
D’autres n’y croient pas et n’y ont jamais crû… Qu’importe, ils vivent leurs
derniers instants professionnels !
L’immense majorité se shoote à l’ivresse de calculs savants sur les années de
cotisations, les trimestres de service et le pourcentage de la décote… Une façon
comme une autre d’oublier ses soucis et de se remotiver !
Michel AUTHEMAN
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Feuille d'automne…
Interrogé en avril
dernier sur France Bleu Provence à propos de l'agitation qui commençait à gagner
les collèges des quartiers nord, le précédent recteur avait laissé poindre son
agacement .Laissé entendre - avec diplomatie- que les équipes elles-mêmes, dans
certains établissements, devraient peut-être se remettre en cause. Revoir leur
politique éducative, s'interroger sur leur efficacité.
Je partage entièrement ce point de vue et je vais préciser ma pensée avec moins
de rondeurs.
Ancien professeur lui-même, notre recteur avait certainement constaté au cours
de sa carrière la chose suivante : quel que soit le quartier, quelle que soit la
population de nos élèves, un "bahut" qui tourne rond est un "bahut" où les
adultes tiennent la barre avec fermeté. Où la cohésion de l'équipe éducative est
sans faille. Un "bahut" qui va à la catastrophe est un "bahut" où le laxisme le
dispute à la lâcheté, un "bahut" où quelque part , dans l'équipe éducative, une
ou plusieurs personnes n'assument plus leurs responsabilités d'adultes.
Le syndrome du maillon faible. Et dans l'Education Nationale, contrairement au
jeu du même nom, on ne vire pas les maillons
faibles.
Au cours du même mois d'avril 2004, un professeur d'EPS de notre établissement a
été physiquement agressé par un parent d'élève. L'élève concerné portant une
minerve, l'enseignant avait prudemment refusé qu'il participe à une évaluation
de football. Colère de l'enfant, petit mot dans le carnet pour expliquer la
dispense et relever l'incivilité du péquelou. Le père, furieux, débarque au
collège, bouscule, moleste quelques enseignants qui tentent de s'interposer. Il
est finalement maîtrisé par une équipe de policiers de la BAC, promptement
intervenue. Visite immédiate de l'inspecteur d'académie adjoint et d'une équipe
de soutien psychologique. Condamnation sévère en comparution immédiate. Fin de
l'épisode.
Estimant que l'incident n'avait aucune raison d'être monté en épingle, nous
avons poliment refusé l'aide des psychologues, expliqué aux médias avides de
sensations que de telles agressions n'étaient pas monnaie courante chez nous, et
sommes retournés faire notre boulot. A savoir expliquer l'altercation aux
élèves, et leur démontrer en quoi le dialogue est toujours préférable à la
violence. A savoir, renouer le contact avec la famille concernée, s'expliquer,
écouter, remettre les choses en ordre…, donner l'exemple.
Nous n'en tirons aucune gloire, c'est notre métier, notre action de tous les
jours.
Et si notre collège, pourtant situé en ZEP, prévention de la violence, au cœur
des quartiers nord de Marseille, tourne rond, ce n'est pas parce que nous sommes
plus riches que les autres, ou que nous ayons plus de moyens ou de personnel -
nous souhaiterions aussi des surveillants plus nombreux , ne serait-ce que
pour réduire la charge colossale de responsabilités qui pèse sur l'équipe de Vie
Scolaire. Si notre collège tourne rond , c'est parce que les adultes, quelles
que soient leurs convictions personnelles ou leur couleur politique, entendent
chaque jour, chaque heure, se conduire en adultes. Veiller en permanence à ce
que soit respectée leur autorité -sans autoritarisme - , que soient strictement
respectées ces valeurs républicaines de tolérance et de laïcité que nous
partageons tous. Ce qui n'exclue ni le dialogue, ni… la sanction disciplinaire.
J'ose redire qu'il n'y a dans ce collège, comme dans beaucoup d'autres, aucune
raison d'alerter les médias, d'en appeler à l'opinion publique. Chacun y fait
son métier.
Les nouveaux collègues apprécient l'ouverture d'esprit d'une équipe de
direction qui ne fuit pas ses responsabilités. Qui pose comme principe que
l'adulte a raison et doit être respecté en toutes circonstances. Qui ne jette
jamais la pierre aux enseignants et prend le risque de les soutenir, même
lorsque cela provoque des vagues et crée des mécontentements.
Les nouveaux collègues apprécient la ferme efficacité des CPE et de l'équipe de
Vie Scolaire : tolérance zéro pour les retards, les incivilités, les manquements
quels qu'ils soient aux principes du respect de l'autre. contrôle des carnets à
l'entrée et à la sortie. Contacts permanents avec les parents et connaissance
personnelle de chaque élève. Ecoute des uns et des autres, sans mégoter son
temps …
Les nouveaux collègues apprécient l'expérience de l'équipe pédagogique et sa
maturité. Son soutien.
Souvent nous devons faire "le sale boulot", et lorsqu'il y a faute grave d'un
élève personne ne tortille du c…ou de la bouche devant la convocation du conseil
de discipline. L'élève est sanctionné sans état d'âme et nul n'agite le droit de
retrait ou le "c'est la société qui l'a perverti ".
Ce qui ne nous dispense pas de tirer au maximum nos élèves vers le haut: en juin
2003, nous avons décidé de monter la barre des "félicitations" à 15,
d'introduire le concept de "compliments", de renforcer pour les plus méritants
la possibilité des "encouragements", quelle que soit leur moyenne. Cerise sur le
gâteau : en fin d'année, une petite cérémonie distingue les élèves qui ont,
par trois fois, obtenu les félicitations. Il y a bien eu quelques grincements de
molaires, dans ce que j'appellerais " le petit clan des babas
rousseauistes"…Mais la quasi-totalité de l'équipe a été enthousiaste. Et les
élèves adorent. Tous nos élèves. Et après tout, c'est pour eux que nous sommes
là. L'expérience sera reconduite.
Nos élèves demandent aux adultes qu'ils fassent preuve d'autorité, qu'ils fixent
des limites. Récompensent les efforts et les réussites, sanctionnent les
manquements et les impolitesses. Protègent les plus faibles contre les grandes
gueules et les petits caïds. Nos élèves n'aiment pas que nous soyons laxistes,
lâches ou démagogues. Ils n'aiment pas que nous cherchions à copiner, à toujours
excuser les dérapages, que nous favorisions le sauvageon au détriment du bon
élève, évidemment moins nuisible.
Nos élèves n'aiment pas que nous soyons systématiquement complices de leur
adolescence, adolescents attardés nous-mêmes, nostalgiques de l'enfance et
fuyant nos responsabilités.
Certes il n'est pas facile d'être adultes et nous ne sommes pas dupes : nous ne
détenons pas toujours la vérité, mais c'est à nous de trancher. Nous prenons
parfois le risque d'être injustes, de nous tromper, de prendre la mauvaise
décision… mais c'est à nous de le faire.
Leur offrir un modèle humain cohérent, c'est le seul moyen de les aider à
grandir.
Je ne suis pas de ces enseignants qui poutounent leurs élèves, se prennent pour
leur grand frère, pardonnent les incartades sous prétexte qu'ils ont fait les
mêmes bêtises au cours de leur folle jeunesse. C'est notre devoir d'adultes :
dresser des barrières, canaliser des comportements, montrer l'exemple. Tirer des
leçons positives de notre passé. Eviter, autant que faire se peut, que les mêmes
erreurs - celles que nous avons pu commettre dans notre jeunesse - ne se
reproduisent , même s'il a toujours appartenu à la jeunesse d'essayer d'aller
plus loin, et si la contestation et la révolte sont l'apanage de
l'adolescence.
Ça n'a rien de marrant, mais c'est notre boulot.
Alors, que cessent une bonne fois les gémissements des violons sociaux au
moindre incident, que l'on cesse de pleurnicher après le manque de moyens à la
première incivilité.
A ce sujet je me suis laissé dire que la plupart des collègues qui se lamentent
à propos du manque de personnel, ont voté au printemps 2003 contre l'emploi
d'assistants d'éducation dans leur établissement ! A la fin des fins, il
faudrait vous décider une bonne fois, camarades : vous avez dans un premier
temps refusé les emplois jeunes, pour vous battre ensuite pour leur maintien.
Vous êtes descendus dans la rue contre les assistants d'éducation, et vous
brandissez peu après des banderoles contre la pénurie de personnel…Il est plus
que temps de vous rappeler, chers collègues, que la crise d'opposition
systématique est l'apanage des enfants autour de trois- quatre ans , pas plus
tard. Il vous faut maintenant songer à grandir : vous êtes de l'autre côté de
l'estrade, et vos boutons sur le front ont, je l'espère, disparu !
Prenez de bonnes résolutions pour l'année qui commence : acceptez une bonne fois
de vous remettre en cause. Cherchez ce qui ne tourne pas rond dans votre
établissement. Non plus du côté des élèves ou du gouvernement, mais plutôt cette
fois du côté des adultes que vous êtes.
Plus important qu'une question de moyens , il y a des hommes et des femmes. Qui
font leur métier correctement ou s'attardent dans les limbes de l'adolescence.
Qui font tourner la boutique ou cachent derrière l'antienne des moyens leur
incompétence au travail.
Vous demandez souvent ce que l'Education Nationale peut faire pour vous… Et si
vous vous demandiez cette année ce que vous pouvez faire pour l'Education
Nationale ? Provocation ? Chiche !
Richard TRONC
rtronc@voila.fr
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Lou cantoun de la lengo nostro
Nautrèi, lei
gènt de l'Educacien Naciounalo sian un pau especiau que countan leis annado pas
coumo leis autre… D'efèt, pèr nautre s'acabo aro l'annado 2003 - 2004 e
coumençan emé proun joio l'annado 2004 - 2005 !!! Dequé nous reservara? Bouto
n'en sabèn rèn pèr lou moumen, mai souveten que se debanara tant bèn coumo la
de l'an passat vo belèu meme miéus, s'acò's poussible !
Si sian bons ensignaire, sian devengu marrits escoulan o pulèu avèn mai
descubert aquéu dimècre e coumo touei les an, lei plasé dóu chafaret en classo,
e pamens, pèr lou còup, es nautre que v'avèn fa ! L'ensignaire, penson lei gènt,
es quaucun que saup pas grandi, que vòu resta jouine touto sa vido e, ma fisto,
sian gaire liuen de la verita lou jour de la prerintrado. Si retrouban, nautre,
proumié, entre coulègo e n'avèn de cavo de si dire : leis enfant, lou marit ( o
la mouié ) , lei vacanço , l'oustau… tant de cavo que si pouedon pas counta au
moumen de l'aperitiéu, acò noun !
Avèn besoun de va dire tre nouesto arribado au licèu ( o au coulège ) …ço que
geino, va fau bèn dire, lou cap d'establimen e sa chourmo qu'assajon
riboun-ribagno de nous bagna tournamai dins l'annado escoulàri emé de tiero de
resulto au bachaleirat ( mai qu'es acò ? ), de coumpausicien de classo pèr la
nouvello annado e autrèi gràndei revelacien… ( de dire tambèn qu'aquelo chourmo
mestrejanto s'es deja racounta tout acò avans nautre, élei ! ). Mai li rintran
quand meme dins l'annado e souvèntei-fes d'un biais radicau : leis emplé dóu
tèms ! Aqui vo, soun acabado lei vacanço, gachan touei noueste papafard
persounau que nous presento d'un biais quàsi anounime l'ourganisacien de
nouesto vido pèr lei 10 mes que vènon…si vèi d'ùnei que cridon, d'àutrei que
plouron mai fouesso quand meme que soun urous… Urous, vaqui lou grand mot, que
fin-finalo sian de gènt urous de si retrouba, de retrouba lou licèu, o lou
coulège, e de retrouba de licean o de coulegian, de lei descurbi, de lei faire
prougressa, uno de mai que coumenço…
Vous va souvèti boueno tant coumo vous agrado, es plus lou tèms de parla dei
vacanço, au travai, car coulègo, e longo mai pèr 2004 - 2005 !
Eleno COLIN
-DELTRIEU